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Comment gérer les demandes d’augmentation des collaborateurs : une approche complète
La gestion des demandes d’augmentation est une problématique complexe et sensible pour toute organisation. Elle va bien au-delà de simples ajustements financiers et touche à des dimensions humaines, organisationnelles et culturelles. Cet article propose une analyse approfondie pour comprendre comment aborder ces demandes avec équilibre et efficacité.
Comprendre les attentes derrière une demande d’augmentation
La demande d’augmentation salariale est rarement motivée par une seule raison. Elle reflète souvent des attentes multiples : reconnaissance, sentiment d’équité, projection dans l’entreprise, ou encore insatisfaction sur des aspects non financiers. Comme l’a rappelé Christophe Aubry Le Comte, cofondateur de QuickMS, « une demande d’augmentation cache souvent d’autres besoins ou frustrations qui nécessitent d’être explorés. »
Les causes fréquentes :
1. Rémunération inférieure au marché : Lorsque le collaborateur estime que sa rémunération ne correspond pas à ses compétences ou au marché.
2. Manque de reconnaissance : Une perception d’injustice par rapport à ses efforts ou à ses résultats.
3. Désalignement des missions : Une frustration liée à l’évolution de son rôle ou à un manque d’opportunités de progression.
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Les conséquences d’une réponse, positive ou négative
Répondre à une demande d’augmentation, que ce soit positivement ou négativement, a des impacts importants, à court et long terme.
Réponse positive :
• Impact limité dans le temps : Une augmentation améliore la motivation entre 30 et 60 jours, selon les études citées. Cependant, sans suivi ou valorisation continue, cet effet s’estompe rapidement.
• Risque d’effet domino : Une augmentation accordée peut générer des attentes similaires chez d’autres collaborateurs, ce qui nécessite une communication interne rigoureuse.
Réponse négative :
• Démotivation durable : Le refus, s’il est mal préparé, peut entraîner une démotivation prolongée (jusqu’à 200 jours en moyenne).
• Risques organisationnels : Absences prolongées, baisse d’engagement, voire départs anticipés.
• Désengagement actif : Les collaborateurs désengagés activement (environ 20 % des effectifs) peuvent nuire directement à la performance de l’équipe.
Comme l’a souligné Olivier Ordonneau, DRH, « la rémunération est souvent un facteur de démotivation plus qu’un levier de motivation. » Cette réalité oblige à considérer d’autres éléments pour répondre efficacement.
Les étapes pour bien gérer une demande d’augmentation
Face à une demande d’augmentation, il est essentiel de structurer l’approche afin de garantir une réponse juste et adaptée.
Poser les bonnes questions
Avant de répondre, les managers et les responsables RH doivent se poser les questions suivantes :
1. Ce collaborateur est-il indispensable ?
Quels seraient les impacts de son départ sur l’organisation ?
2. Ses missions ont-elles évolué ?
Est-ce que son rôle actuel justifie un ajustement salarial ?
3. A-t-il progressé ?
Quelles compétences nouvelles ou résultats notables a-t-il apportés depuis sa dernière révision salariale ?
4. Quelle est la difficulté de le remplacer ?
Dans un marché tendu, le coût et le temps nécessaires pour trouver un remplaçant compétent doivent être pris en compte.
Analyser les données de marché
Comparer le salaire du collaborateur aux standards du marché est une étape incontournable. Toutefois, il est essentiel d’intégrer tous les éléments de la rémunération globale (primes, avantages, flexibilité). Souvent, « les collaborateurs se focalisent sur le salaire fixe sans tenir compte du package global. »
Alternatives à l’augmentation directe
Lorsqu’une augmentation n’est pas envisageable, plusieurs alternatives permettent de répondre aux attentes des collaborateurs tout en respectant les contraintes budgétaires de l’entreprise.
Primes exceptionnelles
Proposer des primes ponctuelles liées à des objectifs spécifiques. Cela permet de valoriser les performances sans engager une hausse permanente des coûts salariaux.
Opportunités de formation
La montée en compétences est un levier puissant pour motiver les collaborateurs. Offrir une certification, une formation ou un accès à des ressources de développement personnel peut répondre à un besoin d’évolution.
Flexibilité et télétravail
Accorder un jour de télétravail supplémentaire ou aménager les horaires peut améliorer la qualité de vie sans coût direct pour l’entreprise. Cependant, ces mesures doivent être appliquées équitablement pour éviter des tensions internes.
Avantages en nature
• Allocation de tickets-restaurants.
• Participation au transport.
• Contribution à des abonnements sportifs ou culturels.
Temps de travail réduit avec maintien du salaire
Inspirée des pratiques nordiques, cette approche repose sur la reconnaissance des gains de productivité. Elle permet de valoriser les employés tout en leur offrant du temps pour eux.
« Pourquoi ne pas permettre à un collaborateur performant de travailler 90 % du temps tout en maintenant son salaire ? Cela favorise l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, » a proposé Christophe Leconte.
La transparence : un pari risqué mais prometteur
Chez QuickMS, les salaires ont été rendus publics dans une démarche de transparence radicale. Si cette initiative a suscité des débats, elle a également permis d’initier une réflexion collective sur l’équité salariale. Cette expérience souligne l’importance de la communication dans la gestion des rémunérations.
Les enseignements clés :
• La transparence permet d’identifier des zones de frustration ou d’incompréhension.
• Elle pousse les collaborateurs à réfléchir collectivement à des solutions d’équité.
S’appuyer sur la pyramide des attentes
Inspirée de la pyramide de Maslow, la hiérarchie des attentes des collaborateurs peut guider les managers dans leur gestion des demandes :
1. Base : Sécurité et environnement
Garantir un salaire suffisant et un cadre de travail sain.
2. Reconnaissance : Interne et externe
Montrer de la confiance et valoriser les contributions.
3. Sens et perspectives
Offrir des opportunités d’évolution et des projets porteurs de sens.
Les impacts d’un refus bien géré
Un refus n’est pas forcément synonyme de démotivation. Lorsqu’il est bien préparé, il peut ouvrir un dialogue constructif et recentrer les priorités.
Préparer une réponse réfléchie
Avant de refuser une demande, il est crucial de :
• Rassembler des données précises sur le marché et la performance du collaborateur.
• Préparer un argumentaire clair, étayé et constructif.
• Proposer des alternatives concrètes, comme des formations ou des primes.
Évoluer vers une gestion durable des rémunérations
La gestion des demandes d’augmentation ne doit pas être envisagée de manière isolée, mais comme un levier pour transformer la culture d’entreprise. À long terme, des pratiques comme le pay for performance ou l’intégration de bonus basés sur des objectifs collectifs peuvent réduire les frustrations liées à la rémunération.
Vers une équité salariale nationale :
Le télétravail généralisé a bouleversé les écarts de rémunération entre Paris et la province. À terme, il pourrait entraîner une harmonisation des salaires au niveau national.
Webinar – Managers, comment gérer les demandes d’augmentation de vos collaborateurs ?
Gérer les demandes d’augmentation demande un équilibre délicat entre équité, reconnaissance et contraintes budgétaires. Les entreprises doivent aller au-delà du simple ajustement financier pour répondre aux attentes des collaborateurs et renforcer leur engagement.
Comme le souligne Christophe Aubry Le Comte, « la rémunération est un levier, mais elle doit s’inscrire dans une vision plus large de la gestion des talents et de la culture d’entreprise. »
Cet enjeu, bien que complexe, est une opportunité de renforcer la confiance et la fidélité des collaborateurs tout en pérennisant la performance de l’organisation.
Article rédigé par Valérie Rilos.