Avancer, pour mieux reculer… 

«  L’énergie masculine est bonne. La société en est remplie, mais la culture d’entreprise essaie de s’en détourner. Toutes ces formes d’énergie sont positives, mais une culture qui fait un peu plus la part belle à l’agressivité a ses mérites. »

Mark Zuckerberg 

Dans un monde ou le secteur de la tech fait la pluie et le beau temps de notre monde économique et sociétal, c’est ce qui s’appelle reculer d’un grand pas pour l’humanité.

Quand on sait que, selon une étude de 2024, 87% des professionnels RH sont des femmes et que nous devons rendre l’index F/H d’ici la fin du mois de février… je me dis qu’il se pourrait bien que 2024 soit la dernière année où les entreprises obtiendront une super note à cet examen sans trop tricher.

Dans un monde où la Tech impose ses tendances et définit les standards de demain, il est inquiétant de constater que ses leaders contribuent à entretenir des discours où l’énergie masculine serait une force motrice essentielle à la réussite des entreprises. Ce discours s’oppose pourtant frontalement aux principes promus par des dispositifs comme l’index de l’égalité professionnelle homme-femme, qui incite les entreprises à équilibrer les rapports de pouvoir et de rémunération entre les sexes.

Alors sommes-nous hypocrites ou l’égalité des sexes est-elle une chimère ?
Ou peut-être sommes-nous trop naïfs dans le pays des droits de l’homme.

Ce qui est certains, c’est que les RH vont avoir encore du pain sur la planche.

En attendant, l’exercice de l’Index est exactement le même que celui de la marque employeur: ou votre culture d’entreprise et vos pratiques sont justes et sans discrimination (façon de parler 😏) et finalement il s’agira juste de faire un reporting (parmi tant d’autres), ou vous allez vous retrouver à devoir changer, évoluer, dans une direction qui ne correspond de toute évidence pas à la mentalité de votre environnement professionnel (ce qui revient à mettre un #filtre sur vos photos Instagram 🤡).

Quand on sait que l’Index femme-homme a été mis en place pour mesurer et encourager la progression des entreprises en matière d’égalité salariale et de représentation des femmes aux postes de direction, je me dis qu’en 2025, le combat est loin d’être gagné.

Cet outil qui vise à rendre les inégalités visibles risque fort de clignoter rouge. Inciter les entreprises à corriger les déséquilibres existants est une belle cause en soi mais quand on revient sur ses cours de droits civiques (nous avions cela à une époque…), on se souvient que le principe d’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes y est inscrit dans la loi depuis 1972 et que c’est en 1983 que l’ancêtre de notre Index, communément appelé RCS, a fait son apparition dans la loi ROUDY afin d’inciter les entreprises à signer des plans d’égalité professionnelle car apparemment celle de 1972 ne semblait pas être appliquée.

Bon, aujourd’hui notre bon vieux RCS se rebaptise « Index F/H »et se voit accompagné d’une amende à la clef…

Plus sérieusement…

Cet Index, rappelle qu’en matière d’égalité professionnelle, nous oscillons entre obligations légales et inertie culturelle. A mon sens les entreprises ont un choix à faire : assumer pleinement l’égalité comme un levier de performance et d’innovation, ou céder à des injonctions qui ne font que perpétuer des déséquilibres historiques.

Si l’on veut que cet outil ne soit pas qu’un indicateur de façade, il doit être accompagné d’une réelle volonté de transformation. Car si l’on en est encore, en 2025, à débattre de la place des femmes dans le monde du travail, c’est bien que l’enjeu dépasse le simple cadre législatif. Il s’agit d’un combat de culture, où les entreprises ont le pouvoir – et la responsabilité – de faire évoluer les mentalités. Et comme toujours cette mission est gentiment confiée aux #RH, parce que l’on est des Avengers.

Finalement, ce n’est pas tant l’index qui est en question, mais bien notre capacité à dépasser les artifices pour faire de l’égalité une réalité tangible, et non un exercice de conformité opportuniste.

Pour ceux qui s’inquiètent des conséquences des propos de Mark, soyez rassuré : la tech a beau faire la pluie et le beau temps, nous sommes revenus en arrière sur le télétravail.

Mais ça, c’est encore une autre histoire.